La journée internationale des droits des femmes a lieu chaque année le 8 mars. Elle trouve son origine dans les manifestations de femmes au début du XXe siècle, en Europe et aux États-Unis. À l’époque, les manifestantes réclamaient de meilleures conditions de travail ainsi que le droit de vote. C’est en 1975 que l’Organisation des Nations Unies a officiellement commencé à célébrer cette journée le 8 mars.
En ce 8 mars 2022, la Ville de Maisons-Alfort retrace les parcours de 8 femmes d’exception : découvrez leurs engagements et leurs accomplissements, de Marie Curie à Serena Williams.
Marie Curie
« Chacun de nous doit travailler pour son propre perfectionnement et en même temps partager une responsabilité générale pour toute l’humanité. »
Marie Curie, de son nom de naissance Maria Salomea Sklodowska, voit le jour à Varsovie en 1867 d’une mère institutrice et d’un père professeur de mathématiques. À cette époque, les femmes ne peuvent entreprendre d’études universitaires en Pologne. Déterminée à poursuivre sa scolarité, elle arrive en France en 1891 où elle étudie les mathématiques. Pourtant, ses recherches la conduisent rapidement dans le monde de la physique ; elle réalise alors une thèse sur les substances radioactives. Elle rencontre le physicien Pierre Curie qu’elle épouse en 1885. Ensemble ils travaillent sur le phénomène radioactif et découvrent en 1898 le radium et le polonium. Grâce à cette découverte, elle est la première femme à obtenir le Prix Nobel, en 1903. En 1906, elle devient professeure titulaire de la chaire de physique générale et radioactivité à la Sorbonne : à nouveau, elle est la première femme à occuper un tel poste.
Ses avancées sur le radium et le polonium lui vaudront un second Prix Nobel en 1911. Pendant la guerre, elle s’investit aux côtés des médecins afin qu’ils puissent utiliser la radiographie pour localiser les éclats d’obus et faciliter les interventions chirurgicales. Si ses recherches auraient pu lui assurer une situation financière particulièrement confortable, elle a considéré toute sa vie que « les découvertes appartiennent au peuple » et a donc pris la décision de ne pas les breveter. Jusqu’à sa mort en 1934, elle dirigera l’institut du radium, œuvrant pour la recherche sur le cancer.
Au-delà de son génie pour les sciences, Marie Curie a travaillé toute sa vie pour que ses découvertes soient mises au service du plus grand nombre. Elle a également été animée par un engagement pour les droits des femmes, l’émancipation par le savoir, le progrès social et la paix entre les peuples.
Joséphine Baker
« Je danserai, chanterai, jouerai, toute ma vie, je suis née seulement pour cela. Vivre, c’est danser, j’aimerais mourir à bout de souffle, épuisée, à la fin d’une danse ou d’un refrain. »
Originaire d’une famille très modeste des États-Unis, Freda Josephine McDonald, plus connue sous le nom de Joséphine Baker, est née le 3 juin 1906 à Saint Louis (Missouri). À 14 ans, passionnée de danse, elle rejoint un trio d’artistes de rue, le Jones Family Band. Cherchant à fuir son domicile familial, elle part sur les routes et tente sa chance à Broadway, en vain. C’est en France qu’elle connaît un immense succès au Théâtre des Champs-Élysées puis aux Folies Bergères. Par la suite, elle se transforme en chanteuse populaire avec la chanson « J’ai deux amours » et inspire de nombreux artistes de son temps, d’Ernest Hemingway à Christian Dior.
Après une tentative de retour aux États-Unis, où elle ne bénéficie pas du même succès, elle rentre en France. Durant le Seconde Guerre mondiale, elle est recrutée par les renseignements de l’armée française. Grâce à son travail, qui lui permet de se déplacer très fréquemment et sans attirer l’attention, elle collecte des informations, se mobilise pour la Croix-Rouge et fait passer des messages à l’encre invisible sur ses partitions. Après la guerre, la croix de guerre, la Médaille de la résistance ainsi que la Légion d’honneur lui sont remises pour saluer son engagement. Dans les années 1950, elle soutient également le mouvement afro-américain des droits civiques, en publiant des articles dénonçant le racisme et la ségrégation aux États-Unis. En 1963, lors de la marche vers Washington pour le travail et la liberté, organisée par Martin Luther King, elle rend hommage à deux femmes activistes : Rosa Parks et Daisy Bates.
Isadora Duncan
« Si je pouvais le dire, je n’aurais pas à le danser. »
Née en 1877 à San Francisco, Isadora Duncan est la fille d’une pianiste et professeure de musique. Son caractère indépendant la pousse à quitter rapidement l’école. Avec sa sœur, elle commence alors à donner des cours de danse aux enfants de son quartier. En 1899, elle part à Londres pour travailler comme danseuse et y découvre le British Museum. Isadora se prend alors de passion pour l’Antiquité, ce qui influencera sa manière de danser tout au long de sa vie. L’année suivante, elle s’installe à Paris et trouve son inspiration au musée du Louvre. La danseuse connaît très rapidement le succès et part pour une tournée européenne. Elle rejette l’ensemble des codes du ballet traditionnel et danse pieds nus. De nombreux artistes seront influencés par son talent, en particulier les sculpteurs Antoine Bourdelle et Auguste Rodin. En 1913, son portrait est gravé sur les bas-reliefs du théâtre des Champs-Elysées. Elle fonde deux écoles : la performance et l’enseignement seront les deux piliers de sa vie d’artiste.
Frida Kahlo
« Des pieds, pourquoi en voudrais-je, si j’ai des ailes pour voler. »
Frida Kahlo naît en juillet 1907 dans le quartier cossu de Coyoacán, au sud du Mexique. Elle grandit dans un milieu artistique puisque son père est un photographe d’origine allemande. Atteinte de poliomyélite dès l’âge du 8 ans, elle éprouve quelques difficultés à se déplacer. Suite à un accident de tramway, survenu lorsqu’elle avait 18 ans, elle passe de longs mois alitée et se réfugie dans la peinture, en particulier les autoportraits. Suite à sa rencontre avec le peintre Diego Rivera, elle s’installe à San Francisco mais ne se sent pas à sa place aux États-Unis. Les souffrances qu’elle subit, aussi bien physiquement que mentalement, sont exprimées dans ses autoportraits. Au fil de ses tableaux, elle revendique particulièrement l’identité et la culture mexicaines. Ses épreuves personnelles sont également représentées, notamment les fausses couches à répétition qu’elle subit.
Particulièrement sensible à la cause féministe, elle défendra l’émancipation des femmes mexicaines, qu’elle décrivait comme une « masse silencieuse et soumise ».
Si son art était estimé par ses pairs, il a fallu attendre 1953 pour qu’une exposition lui soit dédiée au Mexique. Très malade, elle assistera au vernissage de cette dernière transportée sur son lit d’hôpital.
Sarah Bernhardt
« Rien n’est impossible, il faut le risquer. »
Comédienne française particulièrement réputée, Sarah Bernhardt grandit en Bretagne. C’est en 1859 que sa vocation pour le théâtre se confirme : elle entre au Conservatoire d’Art dramatique de Paris puis à la Comédie-Française en 1862. En raison d’un différend avec l’une des sociétaires, elle n’y restera que quelques années. La comédienne signe alors un contrat avec le Théâtre de l’Odéon et s’y fait connaître, notamment grâce au rôle de la Reine de Ruy Blas. En 1880, elle monte sa propre compagnie et devient la première comédienne à faire des tournées sur les 5 continents. Sa carrière, exceptionnellement longue puisqu’elle débute en 1862 et se poursuit jusqu’à la veille de sa mort en 1923, lui permettra de devenir l’une des premières vedettes de théâtre. Excentrique et ferme sur ses positions, elle n’hésitera pas à soutenir Émile Zola au cours de l’Affaire Dreyfus et se positionnera contre la peine de mort. En 1914, ce « monstre sacré » du théâtre reçoit la Légion d’honneur pour l’ensemble de sa carrière. Au total, celle que l’on surnommait la comédienne à « la voix d’or » ou encore « La Divine » a joué dans 120 pièces, dont 14 contemporaines.
Gisèle Halimi
« J’étais déterminée à aller vers mon chemin, que ça plaise ou non. »
Avocate, militante féministe, auteure et femme politique, Gisèle Halimi refuse dès l’enfance la double oppression de la misogynie et du colonialisme. Elle naît en Tunisie, à La Goulette, en juillet 1927. À l’âge de 13 ans, elle entame une grève de la faim pour marquer son refus de servir ses frères. L’émancipation des femmes et la cause féministe deviendront alors le combat de sa vie. Elle est brillante dans ses études et refuse un mariage arrangé à 15 ans afin de poursuivre sa scolarité. Gisèle Halimi entame alors des études de droit et de philosophie à l’actuelle université Panthéon-Sorbonne et obtient son diplôme d’avocat en 1948, à l’âge de 21 ans. En 1971, elle est la seule avocate à signer le « manifeste des 343 » réclamant le droit à l’avortement ainsi que le libre accès aux moyens de contraception. Cet engagement se manifeste également au cours de deux procès en particulier, en 1972 puis en 1978, qui participeront grandement à la dépénalisation de l’avortement et au renforcement de la répression des viols. Ces procès auront permis d’initier les réflexions de la loi Veil sur l’avortement. Elle fonde également le mouvement Choisir la cause des femmes aux côtés de Simone de Beauvoir et de Jean Rostand. Députée de 1981 à 1984, elle s’engage pour la parité et pour un meilleur accès des femmes aux fonctions politiques. Elle occupera par la suite la fonction d’ambassadrice de France auprès de l’Unesco puis celle de rapporteuse pour la parité entre hommes et femmes en politique à l’ONU. En parallèle, elle se consacre à son autre passion, l’écriture, et publie 15 ouvrages au total.
Serena Williams
« Le succès de chaque femme devrait être une source d’’inspiration pour une autre. Nous devrions nous élever les unes les autres. »
Née en septembre 1981, à Saginaw dans le Michigan, Serena Williams grandit dans un quartier populaire de Los Angeles. Son père, Richard Williams, veut faire de ses filles des championnes de tennis. Dès l’âge de 4 ans, Serena et sa sœur, Venus, s’entraînent plusieurs heures par jour. En 1999, elle remporte l’US Open, à seulement 17 ans. Avec sa sœur, elles remportent également le double lors de ce tournoi. C’est le début d’une succession de victoires : elle détient aujourd’hui 23 titres du Grand Chelem. Au-delà de ses prouesses sportives, la joueuse de tennis est également une femme engagée. Ainsi, elle s’implique dans la lutte contre le racisme et le sexisme et dénonce régulièrement les inégalités entre les hommes et les femmes, notamment dans le milieu sportif. En 2018, lors de son premier match après son accouchement, elle préfère une combinaison noire, lui assurant une meilleure circulation sanguine, à la traditionnelle jupe de tennis. Vivement critiquée, elle choisit de railler ces normes en apparaissant en tutu lors de l’US Open suivant.
Grâce à sa société Serena Ventures, elle investit dans des entreprises aux produits et services innovants, en particulier lorsqu’elles sont fondées par des femmes issues de minorité. Joueuse aux multiples facettes, elle concrétise sa passion pour la mode en créant sa propre marque : S by Serena.
Rachel Carson
« C’est une chose saine et nécessaire pour nous de retourner à la terre et dans la contemplation de ses beautés, de connaître l’émerveillement et l’humilité. »
Née au nord-est des États-Unis, Rachel Louise Carson est une petite fille curieuse et passionnée par la nature. Également férue de lecture, lorsqu’elle n’explore pas champs et forêts, elle passe son temps à lire. Dès l’âge de 8 ans, elle commence à écrire ses propres histoires, qui mettent en scène des animaux. Depuis toujours partagée entre son amour pour la littérature et sa curiosité pour les sciences, elle étudie dans un premier temps la littérature anglaise avant de se tourner vers la biologie. Après l’obtention de son diplôme, elle écrit des textes pour le United States Bureau of Fisheries, l’organe fédéral en charge de la gestion et de la préservation de la faune. Ses recherches sont alors publiées dans des journaux locaux. En 1936, Rachel devient la deuxième femme embauchée en tant que biologiste marine au sein du Bureau of Fisheries. Ses recherches la mènent à s’intéresser au dichlorodiphényltrichloroéthane (DDT), un produit chimique massivement utilisé comme pesticide à cette époque. Grâce à ses premières études, Rachel Carson est engagée par un organisme environnemental afin d’enquêter sur les effets de ce produit sur l’environnement. Pour obtenir des informations confidentielles, elle collecte des études scientifiques, mène des entretiens et utilise ses relations scientifiques. Elle publie en 1959 un premier article dans lequel elle fait le lien entre l’utilisation massive de ce pesticide et la diminution de la population d’oiseaux. En 1962, elle publie Printemps silencieux, un ouvrage qui accuse les pesticides d’avoir des effets aussi bien sur la biodiversité que sur la santé humaine. Malgré les oppositions et les pressions, le livre paraît et obtient le soutien de la communauté scientifique et du grand public. Elle est la première à avoir dénoncé les effets des pesticides, et en particulier du DDT, qui étaient à cette époque communément utilisés au sein des foyers. Grâce à ses travaux le DDT sera progressivement interdit.