Portrait – Professeur Benoît Vallet : « L’homme de science à la tête de l’Agence qui veille sur notre santé »

Mis à jour le 06/02/2024

Portrait – Professeur Benoît Vallet : « L’homme de science à la tête de l’Agence qui veille sur notre santé »

Dans un vaste pôle de santé et de sécurité sanitaire, intégré sur le site de l’Ecole vétérinaire, se situe le siège de l’Anses, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail. Chaque jour, 1 400 hommes et femmes répartis sur 16 sites en France, dont la moitié évolue sur le site maisonnais, travaillent à prévenir les risques pour notre santé, ainsi que celle des animaux et des plantes. Des scientifiques guidés par le Pr. Benoît Vallet à la tête de cette institution d’excellence depuis 2022.

« Il n’y a pas de formation idéale pour devenir directeur général de l’Anses », indique le Pr. Benoît Vallet. En effet, être à la tête de « l’Agence », c’est embrasser de nombreux domaines : l’alimentation, l’environnement, le travail, le monde animal ou encore végétal, au service d’un même objectif : celui d’apporter des repères scientifiques et d’anticiper les risques de demain en matière de santé et de préservation des écosystèmes. Des scientifiques de tous horizons sont donc les bienvenus dans cette institution plurisectorielle.

La science comme point de départ d’une carrière

C’est précisément la science qui guidera l’ensemble du parcours professionnel du Pr. Benoît Vallet : médecin spécialisé en anesthésie-réanimation et chercheur, il débute comme interne au CHU de Lille en 1986 puis évoluera vers la santé publique en 2013 en tant que Directeur général de la santé au ministère à Paris, où il contribuera jusqu’en 2018 à la mise en place de politiques de santé publiques (sécurité sanitaire, antibiorésistance, vaccination, santé au travail ou environnementale…). « Je suis passé d’un statut de « pur médecin » à celui d’organisateur du système de santé. J’ai ainsi appris par étapes à mieux connaître les politiques publiques avant d’embrasser plus largement la question du lien qui unit toutes les santés – environnementale, humaine et animale – au sein de l’Anses. » L’engagement de Benoît Vallet ne s’arrête pas aux frontières de la France puisqu’il s’investira également au Conseil exécutif de l’Organisation Mondiale de la Santé de 2014 à 2017. En 2020, alors que le monde plonge dans une crise sanitaire sans précédent, il rejoint l’APHP dès le mois de mars puis contribue à la stratégie de déconfinement sur le volet santé aux côtés de Jean Castex. En septembre 2020, il met un premier pied au sein de l’Anses en y devenant président du Conseil d’administration tout en étant nommé à la tête de l’ARS Hauts-de-France. « J’ai donc eu l’occasion dans ma carrière de traiter beaucoup de sujets relevant des missions de l’Anses (l’émergence d’un virus touchant l’homme et l’animal, la contamination de lait infantile, les pesticides et la qualité de l’eau, la pollution des sols…) et qui m’ont apporté les éléments de compréhension nécessaires à la dynamique de l’Agence et des divers métiers qu’elle couvre. » Deux ans plus tard, le poste de directeur général se libère : sa candidature sera retenue.

Le concept « One Health – une seule santé » comme fer de lance

Depuis sa nomination, le Pr. Vallet a eu bien des défis à relever, sanitaires comme institutionnels. « Aujourd’hui, par exemple, nous travaillons avec la Ville de Maisons-Alfort, le département du Val-de-Marne et le député Michel Herbillon ainsi que divers partenaires comme l’Ecole nationale vétérinaire d’Alfort et l’Office National des Forêts afin que notre campus scientifique soit identifié de tous comme une référence du concept One Health – une seule santé. » Et d’expliquer : « Nous ne pouvons plus cloisonner les santés – animale, humaine et environnementale. Les épidémies récentes comme le Covid ont une nouvelle fois démontré la fragilité de la barrière sanitaire entre l’animal et l’Homme, et le dérèglement climatique ne cesse de confirmer ses impacts sur l’ensemble du monde vivant. L’importance d’une approche globale de la santé – « One Health » – n’a ainsi jamais été aussi prégnante. Nous avons tout intérêt à mener une réflexion commune et à y répondre avec des données scientifiques les plus pertinentes possibles. » Punaises de lit, écrans, microplastiques, pollution de l’air et de l’eau, travail de nuit, produits phytosanitaires… l’Anses expertise de très nombreuses menaces pour la santé tout en menant des recherches poussées. Pour ce faire, l’Anses dispose de 9 laboratoires de pointe, dont son laboratoire de référence nationale et internationale sur la santé animale fondé en 1901 à Maisons-Alfort, 1 400 collaborateurs dont 700 chercheurs et personnels scientifiques, et 800 experts indépendants mobilisés chaque année.

« La prévention doit être intelligible de tous »

« Nous sommes des scientifiques, nous mesurons, créons des grilles de référence et des clefs de compréhension ; mais nous ne sommes pas décisionnaires. » En effet, si de l’Anses dépend un grand nombre de décisions publiques, l’Agence n’applique pas elle-même les solutions de gestion. Elle fournit une base fiable de données scientifiques et d’expertises qui seront ensuite déclinées en plans d’action afin de faire évoluer les réglementations et les comportements. Un appui précieux pour les décideurs publics, y compris en cas de crise sanitaire.
C’est pourquoi, la vulgarisation de l’information scientifique fait partie des enjeux majeurs de l’Anses, au même titre que la transparence. « Nous nous efforçons de traduire nos recherches et expertises dans le langage courant sans pour autant distordre la complexité scientifique afin que tout le monde puisse s’en saisir : les gestes de prévention doivent être intelligibles de tous. Ce travail de transparence et d’accessibilité des données est d’autant plus important que la défiance envers l’information publique s’est accrue ces dernières années. »

Reste un autre défi majeur que l’Anses aura à relever en 2024. « Le 21 juillet prochain, la Flamme olympique passera par Maisons-Alfort. Nous allons participer activement à la sécurisation sanitaire des Jeux avec un dispositif spécifique renforcé, notamment dans les domaines de la sécurité des aliments, de la qualité des eaux ou encore de la surveillance des maladies équines. » La preuve que les scientifiques de l’Anses veillent à notre santé dans tous les domaines.

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