Dossier : L’EnvA, une école de renom en pleine mutation

Mis à jour le 19/11/2019

Dossier : L’EnvA, une école de renom en pleine mutation

Elle a traversé les siècles, et pourtant elle n’a jamais quitté son lieu d’origine, Maisons-Alfort. L’École nationale vétérinaire d’Alfort (EnvA), en pleine mutation, aborde le futur et les enjeux de la modernité tout en préservant son histoire et son patrimoine.

Nous sommes en 1765. Sur demande du roi Louis XV, Claude Bourgelat, pionnier de l’enseignement vétérinaire, est chargé de créer une école dédiée à l’apprentissage des soins des animaux de toutes espèces à Paris. Il décide alors d’acheter le Château d’Alfort. Les premiers élèves arrivent au début du mois d’octobre 1766. L’histoire de l’EnvA débute.

Plus de 250 ans de rayonnement

Véritable témoin de l’Histoire, l’EnvA a tra­versé tous les régimes pour fêter ses 250 années d’existence en 2016. Partie inté­grante du patrimoine maisonnais, elle est la plus ancienne grande école française à être demeurée sur son site d’origine. Et ce, grâce à la mobilisation des élus, des Maisonnais, des étudiants et des profes­seurs de l’école qui, en 1991, ont défendu son maintien à Maisons-Alfort. En effet, l’EnvA est intimement liée à l’histoire de notre ville. C’est pourquoi, la municipalité s’est toujours mobilisée pour préserver ce lieu d’histoire et encourager son évo­lution. En 1995, Maisons-Alfort Habitat, le bailleur social de la ville, participe au renouveau du campus universitaire no­tamment par la construction d’une ré­sidence étudiante, puis en 2015, suite à l’intervention du député et maire de Maisons-Alfort, l’État annonce un plan d’investissement de 30 millions d’euros, complété par un financement de 15 mil­lions d’euros de la Région Île-de-France, afin de poursuivre la rénovation et la mo­dernisation de l’École. Plus récemment, en 2018, le Conseil régional vote l’attri­bution d’une subvention de 5,7 millions d’euros afin de participer à la réhabilita­tion des bâtiments Nocard et Chauveau. Aujourd’hui, elle est l’un des 12 établisse­ments publics d’enseignement supérieur et de recherche, rattachés au ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. De renommée mondiale pour son enseigne­ment, ses travaux de recherche ainsi que son approche des soins cliniques, elle intègre en 2017 le classement Shanghai dédié aux Sciences Vétérinaires, tout en développant en parallèle des partena­riats avec des établissements étrangers. Depuis 1992, l’avenir de l’École s’est dé­veloppé autour d’un pôle d’excellence consacré à la santé animale, à l’hygiène, à la qualité et à la sécurité alimentaire. Des travaux de recherche communs sont ain­si menés dans ce domaine avec d’autres laboratoires régionaux et nationaux, notamment ceux de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses), dont le siège se situe sur le site de l’EnvA depuis 2016.

Un lieu de formation, un pôle de recherche et un centre de soins

Chaque jour, ce sont 800 étudiants, 80 en­seignants-chercheurs, 20 chercheurs et 35 praticiens hospitaliers qui gravitent sur les 10 hectares du site de Maisons-Alfort. Deux autres sites viennent le compléter, le Centre d’imagerie et de recherche sur les affections locomotrices équines (Cirale) en Normandie et le centre d’application pour les animaux de ferme de Champi­gnelles, dans l’Yonne. Investie d’une mis­sion de service public, l’École est aussi un centre de consultations : quatre cliniques sont installées sur le site de Maisons-Al­fort ! L’École prend ainsi en charge les ani­maux de compagnie, les chevaux, mais aussi les animaux de la ferme (vaches, chèvres, moutons…) et les animaux sau­vages, et ce, 24 h/24, 7 J/7. Proposant des techniques de diagnostic sophistiquées, l’École accueille chaque année 47 000 ani­maux toutes espèces confondues.

Les étudiants peuvent apprendre et se former, grâce aux quatre cliniques présentes sur le site.
Les étudiants peuvent apprendre et se former, grâce aux quatre cliniques présentes sur le site.

800 étudiants répartis en cinq promotions bénéficient d’une formation au sein de l’EnvA.

L’EnvA, école de demain

Fleuron de l’enseignement vétérinaire en France, l’EnvA a su démontrer sa capacité à s’adapter aux enjeux de santé publique actuels et aux évolu-tions pédagogiques, scientifiques et cliniques par la réalisation de nombreux aménagements au fil des ans. Sans se départir de son dynamisme, elle s’est lancée dans une profonde restructuration qui allie modernité et préservation de son patrimoine. « L’École nationale vétérinaire d’Alfort est une institution, une grande maison, affirme son directeur, le Pr. Christophe Degueurce. Si l’École fait vivre cet héritage, elle s’est pleinement engagée dans le XXIe siècle, en entamant une mutation profonde. Les techniques pédagogiques évoluent pour être à la pointe, de nouvelles infrastructures sont sorties de terre depuis 15 ans et de grands travaux sont en voie d’achèvement. Plus que jamais, l’EnvA est un acteur scientifique majeur, reconnu nationalement et internationalement. »

Après les constructions d’un centre de recherche biomédicale et d’un vaste hôpital pour les animaux de compagnie, inaugurés en 2008 et 2010, l’EnvA est sur le point d’achever une phase importante de son processus de transformation en profondeur. Trois bâtiments vont ainsi ouvrir d’ici la fin de l’année 2019.

Le bâtiment Bouley, en cours de finalisation, accueillera d'ici à la fin de l'année 2019 les cliniciens et équipes dédiés aux carnivores et équidés.
Le bâtiment Bouley, en cours de finalisation, accueillera d'ici à la fin de l'année 2019 les cliniciens et équipes dédiés aux carnivores et équidés.

Le bâtiment Bouley

Datant du XIXe siècle, il a entièrement été rénové et accueille depuis fin octobre, l’ensemble des cliniciens et personnels du département d’élevage et pathologie des équidés et carnivores qui travaillent à la fois pour l’hôpital équin et pour l’hôpital des animaux de compagnie.

Le bâtiment Nocard, où Louis Pasteur travailla au XIXe siècle, a été entièrement restauré et modernisé pour accueillir la nouvelle clinique dédiée aux animaux de ferme.
Le bâtiment Nocard, où Louis Pasteur travailla au XIXe siècle, a été entièrement restauré et modernisé pour accueillir la nouvelle clinique dédiée aux animaux de ferme.

Le bâtiment Nocard

Le bâtiment Nocard est la première clinique des animaux de production construite en France depuis la fin des années 1970. Tout en préservant le bâtiment historique classé et sa cheminée en briques rouges, cette nouvelle infrastructure permet à l’école de disposer d’un pôle unique rassemblant en un même lieu un équipement moderne pour soigner les animaux de grande taille et un enseignement à la pointe avec notamment un amphithéâtre de clinique connecté permettant de proposer des formations à distance sur des gestes techniques, médicaux ou chirurgicaux. « C’est le début d’une nouvelle ère pour le soin aux animaux de ferme à Maisons- Alfort », se félicite l’école.

Le nouveau bâtiment Chauveau, dédié à la recherche de pointe, sera finalisé d'ici la fin de l'année 2019.
Le nouveau bâtiment Chauveau, dédié à la recherche de pointe, sera finalisé d'ici la fin de l'année 2019.

Le bâtiment Chauveau

Entièrement dédié à la recherche, avec laboratoires et animaleries sur 4 000 m², il hébergera d’ici la fin de l’année 2019 les équipes de recherche travaillant notamment sur la physiopathologie des maladies musculaires, cardiaques et ostéo-articulaire. Ce nouveau bâtiment permet non seulement de renforcer les liens entre l’EnvA et ses partenaires, mais également de réunir en un même lieu les chercheurs, qui pourront ainsi plus aisément partager leurs connaissances pour découvrir et évaluer de nouveaux traitements.

Les premières images virtuelles du futur siège de l'ONF qui sera économe en énergie et fera la part belle aux matériaux biosourcés.
Les premières images virtuelles du futur siège de l'ONF qui sera économe en énergie et fera la part belle aux matériaux biosourcés.

« Un véritable campus d’importance majeure »

Parallèlement à ces ouvertures, de nouveaux travaux vont également être engagés en 2020 avec la construction de l’Agora, futur centre névralgique de l’école, qui comprendra deux amphithéâtres, des salles de cours modulables et l’administration de l’école, et l’arrivée d’un nouveau partenaire. Après l’Anses, l’EnvA va ainsi accueillir le nouveau siège de l’Office National des Forêts (ONF). Les travaux de construction du bâtiment (7 500 m²), à partir d’une ossature en bois issu de forêts gérées durablement et qui respecte l’environnement, débuteront en 2020 pour une installation des 350 collaborateurs prévue en 2021. « L’EnvA n’est plus une « simple » école mais un véritable campus d’importance majeure », se réjouit son directeur. D’ici 2025, d’autres institutions du monde agricole rejoindront l’EnvA pour créer un pôle dédié à cette activité.

Un patrimoine vivant et préservé

Outre les nouvelles constructions, des travaux de rénovation de l’amphithéâtre d’anatomie Fragonard et de la bibliothèque, lieux emblématiques de l’école, ont également été réalisés. La plupart des bâtiments qui compose l’École date des XIXe et XXe siècles et sont classés monuments historiques. C’est ainsi le cas du bâtiment Bouley et de l’amphithéâtre Fragonard. Du haut de ses rayonnages de quatre mètres de haut, la bibliothèque compte plus de 30 000 ouvrages, dont 7 000 datés d’avant 1815 et 200 étant considérés comme de véritables raretés.

L’EnvA, c’est aussi son Musée Fragonard, du nom du célèbre anatomiste, sans doute l’un des plus vieux musées de France. À l’intérieur de ce véritable « cabinet de curiosités » créé en 1766, sont exposés les Écorchés, ainsi que tout ce qui a fait évoluer la science vétérinaire. Chaque année, le musée accueille 10 000 visiteurs. Certaines oeuvres qui composent l’exposition « L’animal en monument », organisée depuis 3 ans et dédiée à l’art animalier, s’inspirent d’ailleurs de ces célèbres Écorchés. Sans oublier son jardin botanique, également créé en 1766. Sa renommée s’appuie sur une collection de plantes mellifères – servant à faire les miels –, toxiques et médicinales de grande valeur scientifique et patrimoniale.

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