Salon des Arts – Rencontre avec les artistes primés

Mis à jour le 14/04/2023

Salon des Arts – Rencontre avec les artistes primés

Le 9 mars dernier, de nombreux visiteurs se sont rendus au vernissage du Salon des Arts Maisonnais, une exposition que l’on ne présente plus, tant elle fait tradition à Maisons-Alfort. À cette occasion, trois artistes ont été récompensés pour leur travail par trois prix remis par un jury d’artistes confirmés. Nous vous emmenons à la rencontre des lauréats de cette édition, à la découverte de leurs parcours créatifs et sources d’inspiration.

Prix de la Ville

France Boesh pour son Autoportrait

Diplômée des Beaux-Arts de Paris, France Boesh a toujours été passionnée par la création artistique, sous de nombreuses formes. Alors qu’elle n’a que sept ans, elle est émerveillée par les costumes et les décors des films à succès de l’époque : les péplums. Elle recrée alors ces décors et costumes inspirés de l’Antiquité chez sa grand-mère.

Un déclic libérateur

Après un baccalauréat secrétariat, elle trouve un emploi au sein d’une maison de prêt-à-porter. « Là, j’ai eu un véritable déclic : j’ai réalisé que toutes mes passions pouvaient finalement être un métier », confie-t-elle. Elle décide alors de tout arrêter pour tenter les concours de deux écoles d’arts : les Beaux-Arts et les Arts Déco. Après un parcours express de 3 ans aux Beaux-Arts, elle se lance dans la création textile. Elle débute alors sa propre marque de t-shirts, qu’elle transforme et agrémente en utilisant ses propres pochoirs. Durant quelques années, elle vit en Guadeloupe avec son mari et arrête le prêt-à-porter pour se tourner vers le linge de maison et la vaisselle. De retour à Paris, elle se rapproche d’éditeurs de tissus et commence à travailler sur papier, abandonnant de fait le pochoir. « Grâce au travail sur maquette, je me suis remise à utiliser la plume, la peinture, le fusain ou encore le crayon. »

Le retour à la peinture et au portrait

Depuis le premier confinement de mars 2020, France Boesh a ralenti les maquettes textiles, pour se concentrer sur des créations qui lui plaisent vraiment. « Chaque année avec des amis, nous choisissons un thème pour le Nouvel An et je crée des costumes d’époque, des décors et un repas pour l’occasion. Cette année par exemple, ce sera Renoir ». Elle étudie alors des tableaux d’époque et se lance dans la création de costumes et de décors qu’elle peint. Elle consacre également plus de temps à son autre passion : le portrait d’après nature. Et c’est cette discipline, qu’elle apprécie tout particulièrement, qui lui a permis de remporter le Prix de la Ville, grâce à son autoportrait.

« En entrant aux beaux-arts, j’ai enfin réalisé les rêves que j’avais en tête depuis toute petite. Je n’avais besoin de rien de plus. »

Prix du Salon

Roselyne Alazraki pour Mermaid

Cadre de santé en psychiatrie et pédopsychiatrie, Roselyne Alazraki a débuté la sculpture à la suite d’un problème de santé, utilisant le travail de ses mains comme une thérapie. « J’ai d’abord suivi un travail thérapeutique assez long et ma psychanalyste m’a conseillé de garder un temps pour moi et de faire quelque chose de mes mains. », livre-t-elle. Elle découvre alors l’atelier de Philippe Seené et débute la sculpture.

Des moments hors du temps

Avec trois enfants et un travail prenant, aussi bien en termes de temps que psychologiquement, Roselyne Alazraki a besoin d’un temps pour elle, à consacrer uniquement à l’une de ses passions. Tous les samedis matin, elle se rend donc à cet atelier qui l’aide à acquérir une certaine liberté d’esprit, en dehors des obligations familiales et professionnelles. « Au travail, je m’occupais de la souffrance des autres, aussi bien des adultes que des enfants, ce n’était donc pas simple de se concentrer sur soi. ». Soutenue par son mari et ses enfants, elle débute cet atelier sans aucune formation artistique préalable, aux côtés d’élèves de tous niveaux. « Philippe Seené a toujours un regard positif sur ce que l’on produit et la généreuse transmission de ses techniques nous permet de progresser », explique-t-elle.

Une ouverture aux autres

Ce qu’elle apprécie particulièrement avec cet atelier, ce sont les échanges avec les autres élèves. « Je n’ai pas d’atelier chez moi, car j’aime le travail avec les autres. Ça me permet d’avoir un autre œil que celui du professeur sur mon travail et de découvrir de nouvelles inspirations ». L’année dernière, elle a eu l’occasion d’exposer ses créations au regard du public, en louant pour la première fois une galerie durant quelques jours, avec une autre élève de l’atelier. C’est avec beaucoup d’humilité qu’elle a découvert que ses œuvres pouvaient plaire en dehors de son cercle familial et amical. L’obtention du prix du Salon vient donc confirmer le talent de l’artiste, particulièrement honorée de se voir primer pour un bas-relief, technique qu’elle affectionne tout particulièrement.

« Le modelage a aussi à voir avec la thérapie, grâce au travail des mains, à la création et à l’échange avec les autres. »

Prix du Jury

Leyokki pour le film Happy Ever After

Artiste autodidacte, Leyokki débute son parcours créatif alors qu’il n’a que 15 ans, en découvrant plusieurs logiciels de montage vidéo et de création 3D. Dans le même temps, il commence à s’intéresser à la programmation informatique et développe au fil des années une réelle appétence pour la création numérique. « Tous les aspects techniques de mon métier, je les ai appris tout seul, sur mon ordinateur », indique-t-il.

L’Intelligence Artificielle (IA) au cœur de son projet

« Pour chaque film que je réalise, il y a un nouvel enjeu, une nouvelle technique que j’ai envie de découvrir et de travailler ». Grâce aux évolutions récentes des intelligences artificielles, Leyokki les utilise pour produire des images à l’aide de descriptions rédigées. C’est de cette manière que le film Happy Ever After a été réalisé. L’artiste a débuté son projet en produisant une séquence en 3D reprenant les formes globales et les couleurs souhaitées. Il a ensuite travaillé différentes descriptions à fournir à l’IA pour qu’elle crée des images. « Les deux éléments ont ensuite été donnés à la machine et le travail le plus long a débuté : celui de modifier à la fois les descriptions et la séquence 3D pour arriver au résultat escompté », explique-t-il. In fine, l’ensemble des pratiques développées durant son adolescence lui sont désormais utiles dans son travail de réalisation.

De la création en direct

En octobre dernier, l’artiste a également eu l’occasion de développer un autre projet : celui de produire une vidéo en direct. « On appelle ce procédé le VJing, c’est l’équivalent de ce que fait un DJ avec de la musique mais au format vidéo », vulgarise-t-il. Ainsi, au cours d’un concert d’un compositeur contemporain de près d’une demi-heure, il a eu l’opportunité de créer un film en direct, avec une part importante d’improvisation. « C’est comparable à un ciné-concert à l’envers, puisque c’est la vidéo qui s’adapte à la musique et non l’inverse. » L’idée de faire du cinéma comme de la musique va encore plus loin puisqu’il développe actuellement plusieurs instruments – créés à base de circuits informatiques, de boutons et… d’écorce d’arbre ! – lui permettant de modifier ses vidéos en direct, comme le ferait le clavier d’un DJ.

« Ce qui m’intéresse le plus dans mes travaux c’est la façon dont une chose peut en devenir une autre. »

En 1clic

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