Comédienne, metteuse en scène, directrice de compagnie… Le théâtre, c’est l’univers de Pamela Ravassard. Après avoir organisé des ateliers à destination de collégiens maisonnais, elle sera sur la scène du théâtre Claude Debussy le 15 avril prochain.
Notre rencontre avec Pamela Ravassard se glisse entre deux rendez-vous. Cette Maisonnaise depuis une dizaine d’années multiplie les casquettes : comédienne, metteuse en scène et directrice de sa propre compagnie de théâtre, Paradoxe(s). Sa journée type ? De l’administratif, des répétitions, des castings, de l’écriture avant de sauter dans un train vers une prochaine représentation. Si son métier l’amène à jongler avec de nombreux impératifs, Pamela Ravassard ne manque jamais un rituel essentiel. « Je mets un point d’honneur à prendre le petit-déjeuner avec mes deux filles », nous confie-t-elle. Pour tenir ce rythme effréné, « il faut avoir le théâtre chevillé au corps, être passionné, sinon on ne tient pas la distance ! »
Dans son quotidien, la comédienne peut ainsi compter sur son conjoint, Garlan Le Martelot, avec qui elle partage sa vie et la scène. D’ailleurs, c’est lui qui incarne le personnage principal de la nouvelle création de la metteuse en scène, Courgette, issue du roman Autobiographie d’une Courgette de Gilles Paris, qu’ils ont coadapté ensemble.
Une vocation inattendue
Rien ne prédestinait pourtant la jeune jurassienne à monter sur les planches : des parents commerçants, éloignés du monde de la scène. « C’est mon oncle qui m’a offert ma première expérience du théâtre quand j’étais enfant. J’ai ensuite demandé à ma maman de prendre un abonnement et je l’ai emmenée avec moi. » Pamela en est sûre : plus tard, elle aussi fera partie de ce monde feutré des fauteuils rouges. Gardant son envie secrète, elle entame des études « classiques pour rassurer mes parents », tout en suivant des cours au conservatoire d’art dramatique de la région Franche-Comté. À 19 ans, elle décroche une place dans une compagnie professionnelle à Besançon, ses premiers véritables pas sur scène. Après un stage d’été au Cours Florent, elle y intègre une Classe Libre et un conservatoire d’arrondissement à Paris, toujours en poursuivant ses études en parallèle.
« Mes parents pensaient que ça allait me passer », s’en amuse-t-elle encore aujourd’hui. Jusqu’à ce spectacle de fin d’année à l’issue du Cours Florent. « Mon père m’a dit, ok, j’ai compris et me soutient depuis lors à 500%. »
Le théâtre comme miroir de la société
Depuis, Pamela Ravassard a joué dans des dizaines de pièces, en a monté six tout en prêtant sa voix lors de doublages pour des séries et des films. En 2008, elle fonde sa propre compagnie de théâtre, Paradoxe(s), avec un ami metteur en scène, Henri Dalem, qu’elle dirige aujourd’hui seule. « Quand on joue, il n’y a pas d’avant ni d’après la représentation. Cela me manquait, j’avais cette envie, ce besoin d’échanger avec le public. »
Avoir sa propre compagnie permet également à la metteuse en scène d’être à l’initiative et de créer ses propres projets. « Mettre en scène, c’est mettre en forme les idées que l’on a, projeter une scène, la mettre en lumière et en musique, trouver une rythmique pour susciter une émotion, car c’est cela avant tout le théâtre : il permet de mieux nous comprendre nous-même et le monde qui nous entoure. C’est un miroir de la société. » Il en ressort des pièces engagées, à l’image de Femmes de fermes ou 65 Miles. C’est autour de cette création à destination du jeune public, jouée au NECC en janvier dans le cadre de sa résidence de création initiée par les Théâtres de Maisons-Alfort, que des élèves des collèges Jules Ferry et Condorcet ont participé à des ateliers proposés par Pamela et sa compagnie. « Le théâtre est un outil complémentaire pour donner à réfléchir à cette jeune génération. On a même déjà suscité des vocations avec nos ateliers ! »
Le 15 avril au théâtre Debussy, elle incarnera – dans la pièce qui porte le même nom – l‘une des filles aux mains jaunes, ces femmes qui fabriquaient des obus lors de la Première Guerre mondiale. Un texte puissant qui prône une nouvelle vision de la femme – indépendante et libre – dans une société où le féminisme en était encore aux balbutiements. Et après ? Quand on l’interroge sur un retour sur la scène maisonnaise lors de la prochaine saison culturelle, on se heurte à un sourire énigmatique plein de promesses. En tout cas, nous, on l’espère !