La place du dessin dans la vie de Céline Pernot-Burlet n’est plus à prouver : où qu’elle aille, elle est accompagnée d’un carnet et de quelques crayons. Nous la rencontrons aujourd’hui à l’occasion de la sortie de son deuxième livre In Vino Femina.
Dès son plus jeune âge, Céline Pernot-Burlet se prend de passion pour le dessin. Pourtant, au moment de choisir son orientation pour sa future carrière, elle se dirige vers une formation scientifique. Son diplôme d’ingénieur informatique en poche, elle décide de combiner ses compétences fraîchement acquises et sa passion en intégrant un milieu alors en pleine expansion, celui de l’image de synthèse. Au fil de ses postes, elle réussit à intégrer le dessin dans son travail quotidien en réalisant des supports de communication sous forme de sketchnotes*. « Grâce à un collègue, j’ai appris que ce que je faisais portait un nom : la facilitation graphique ». Aujourd’hui, l’artiste aux multi-casquettes enseigne ces techniques au sein de son entreprise et à l’extérieur. « J’ai formé plus de 3 000 collaborateurs et j’aide de jeunes collégiens ou lycéens à se saisir de ces techniques. » Grâce à son travail avec la maison des artistes, elle utilise également son savoir-faire pour des causes qui lui tiennent à coeur en accompagnant des associations telles que Women Safe ou l’Afev.
De ses carnets personnels à l’autoédition
Au travail comme dans sa vie personnelle, Céline Pernot-Burlet continue de dessiner quotidiennement. En 2019, elle participe à un challenge sur les réseaux sociaux, nommé inktober. Chaque jour du mois d’octobre, de nombreux artistes à travers le monde produisent un dessin à partir d’un même mot. L’illustratrice maisonnaise décide de créer une histoire à partir de ces 31 mots. Avec son amie, Mathilde Cristiani, qui se charge de l’écriture, elle construit ainsi un conte illustré qu’elle publie sur sa page Instagram au fil des jours. Passionnée de littérature jeunesse, elle décide de s’en inspirer et de s’adresser aux adolescents et aux jeunes adultes. « On parlait beaucoup de féminicide et de violences faites aux femmes, j’avais envie de sensibiliser les jeunes à ces violences au sens large. » Suite aux nombreux retours positifs de ses abonnés, l’illustratrice lance une campagne de financement participatif pour faire de cette expérience numérique un véritable livre. C’est une consécration pour cette amoureuse de l’objet livre qui peut, pour la première fois, tenir le résultat de nombreux mois de travail entre ses mains. Afin d’ouvrir le dialogue sur les violences faites aux femmes, les deux auteures associent à leur conte un support pédagogique pouvant être utilisé en famille ou à l’école. « En tant qu’adulte, il y a beaucoup de situations que l’on pense comprises par les jeunes alors qu’elles ne le sont pas, la discussion est donc primordiale. »
In Vino Femina, le sexisme dans le milieu du vin
Le succès de ce premier conte illustré lui permet de faire la rencontre d’Alessandra Fottorino, celle qui deviendra l’auteure de son premier roman graphique In Vino Femina. Évoluant dans le milieu du vin depuis 15 ans, Alessandra Fottorino a été victime de sexisme dans son environnement professionnel. Suite à des affaires de harcèlement peu médiatisées, elle a souhaité raconter les pépites sexistes auxquelles elle et ses consoeurs sont confrontées. « Pour moi qui ne me sentais pas initialement passionnée par le vin, c’était l’occasion d’apprendre plein de nouvelles choses. ». C’est également une aubaine pour l’artiste qui souhaite dénoncer les inégalités entre les femmes et les hommes et faire évoluer les mentalités grâce à son talent. « Je me disais : je sais dessiner, mais qu’est-ce que je peux en faire ? J’ai donc souhaité sensibiliser le public par le dessin. », témoigne-telle. Grâce à la collaboration des deux femmes, le livre s’étoffe et intègre non seulement les pépites sexistes vécues par l’auteure mais également un historique du rôle des femmes dans le monde du vin, des portraits de femmes et d’hommes qui souhaitent voir ce milieu évoluer et des références pour aller plus loin. Le résultat ? 192 pages qui donnent à voir la place des femmes dans un milieu trop souvent perçu comme masculin. Des projets plein la tête, l’illustratrice nous quitte en nous confiant qu’elle souhaite continuer à aborder des sujets qui la touchent par le dessin. Nous sommes impatients de les découvrir !
* Sketchnote : technique de prise de note intégrant à la fois du texte et du dessin.
> Publié aux édition Hachette, In Vino Femina est en vente dans de nombreuses librairies, dont la librairie « La Ruche » à Maisons- Alfort, et peut être commandé par votre libraire habituel.
Elle
Premier livre de l’illustratrice, Elle raconte le sexisme, le consentement, les violences faites aux femmes. En plus du conte illustré, les deux auteures proposent des outils pédagogiques permettant d’ouvrir le dialogue et de débattre de ces thématiques en famille ou à l’école.
> À découvrir sur l’égalithèque du centre Hubertine Auclert : https://m.centre-hubertine-auclert.fr/outil/elle-pourrait-etre-une-soeur-une-fille-une-niece-une-tante