Les 10 et 11 juin prochains, l’église Sainte-Agnès célèbrera ses 90 ans autour de diverses animations ouvertes à tous les Maisonnais proposées par l’AASAA et l’équipe d’animation paroissiale. A cette occasion, la rédaction de Maisons-Alfort Le mag a décidé de se glisser dans la peau de ce remarquable édifice pour vous en présenter tous les atours.

Je ne serais pas là aujourd’hui sans la volonté d’un homme en particulier, non pas d’église mais d’industrie. C’est en effet Fernand Moureaux, directeur et fondateur de la distillerie de La Suze, ma voisine, qui finança ma construction à 80%. C’est également lui qui imposa mes concepteurs, les architectes Marc Brillaud de Laujardière et Raymond Puthomme, tous deux prix de Rome. Il faut dire qu’il fallait des pointures pour m’imaginer, enclavée dans un terrain exigu et asymétrique, au milieu d’un îlot de vieilles bâtisses. Mais heureusement, mes créateurs ne manquent pas d’ingéniosité : ils décident alors de me faire prendre de la hauteur, avec un clocher hexagonal de 53 mètres, surmonté d’une croix en fer forgé de 8 mètres, qui marque désormais l’entrée de ville. Si je me fonds dans mon quartier d’Alfort, en revanche, croyez-moi, quand j’affirme que l’on me voit de loin ! Certains murmurent même que ma forme serait inspirée de celle d’une bouteille de Suze en hommage au célèbre apéritif inventé par mon mécène. Mais ça, c’est un secret que je compte bien garder… J’ai émergé de terre en un temps record : ma première pierre fut posée le 19 mai 1932. Un an plus tard, le 11 juin 1933, le Cardinal Jean Verdier, archevêque de Paris me consacre. Quel exploit me direz-vous ! En effet, j’ai bénéficié de nouvelles techniques de construction, comme le béton armé, car je suis l’un des rares édifices religieux d’inspiration moderniste issu des « Chantiers du Cardinal », vaste campagne de construction d’églises nouvelles lancée en 1930. Je bénéficie du talent de maîtres-artisans parmi les meilleurs de leur époque : Gabriel Rispal, élève de Bourdelle, lauréat du prix Blumenthal de sculpture, réalise la statue de ma sainte-patronne, et je suis particulièrement fière de pouvoir dire que c’est Max Ingrand, qui a créé mes remarquables vitraux géométriquement découpés en forme de A comme Agnès, véritable festival de couleurs avec une prédominance de bleu et de rouge, ainsi que le triptyque du Chœur représentant le Christ bénissant les Saints et Saintes de France et le Chemin de Croix en camaïeu qui cerne la Nef. C’est sa femme, Paulette Rouquié – Paule Max Ingrand – qui a peint l’ensemble de mes magnifiques fresques. Emblème de ce renouveau architectural des années 30, bijou d’Art déco, je suis classée en 1984 Monument Historique. J’arrive aujourd’hui à l’aube de mes 90 ans, fière d’être devenue l’un des symboles de l’identité maisonnaise.